Le mytiliculteur est un professionnel qui s’occupe de suivre la production des moules et de les récolter. En France, il est souvent employé au sein des espaces de production visibles en Normandie, en Vendée, dans le bassin d'Arcachon ou encore en Bretagne. Ainsi, en quoi consiste ce travail ? Vous en saurez plus dans cet article.
Les missions principales du mytiliculteur
Préparation du naissain
La première étape cruciale du travail d'un mytiliculteur est la préparation du naissain. Ce terme désigne les jeunes moules qui viennent de se fixer sur un support. Le mytiliculteur doit collecter ce naissain, soit en mer sur des supports spécifiques appelés collecteurs, soit en écloserie. Cette étape se déroule généralement au printemps, lorsque les conditions sont propices à la reproduction des moules.
Enroulement des cordes sur les pieux
Une fois le naissain collecté, le mytiliculteur procède à l'enroulement des cordes de moules sur les pieux, aussi appelés bouchots. Cette technique, typique de la mytiliculture française, consiste à enrouler en spirale des cordes garnies de jeunes moules autour de pieux en bois plantés dans la zone intertidale. Ce travail minutieux est effectué à marée basse, lorsque les bouchots sont accessibles.
Entretien des installations
Tout au long de la croissance des moules, le mytiliculteur doit veiller à l'entretien des installations. Cela implique de remplacer les pieux abîmés, de réajuster les cordes si nécessaire et de nettoyer régulièrement les bouchots pour éviter l'accumulation d'algues et de parasites qui pourraient nuire au développement des moules. Cette surveillance constante permet d'assurer des conditions optimales pour la croissance des coquillages.
Récolte des moules
Après 12 à 18 mois d'élevage, lorsque les moules ont atteint la taille commerciale, vient le temps de la récolte. Cette étape se déroule généralement de juillet à décembre, en fonction des secteurs et des conditions météorologiques. Le mytiliculteur détache alors les moules des cordes à l'aide d'une machine spécifique, puis les achemine vers la zone de tri et de conditionnement.
Tri et conditionnement
Une fois récoltées, les moules sont triées par taille et par qualité. Les moules abîmées ou trop petites sont écartées. Les moules sélectionnées sont ensuite lavées et conditionnées dans des filets ou des caisses, prêtes à être commercialisées. Cette étape de valorisation du produit est essentielle pour garantir aux consommateurs des moules fraîches et de qualité.
Vente des moules
Enfin, le mytiliculteur assure la vente de sa production. Celle-ci peut se faire en direct aux consommateurs, sur les marchés locaux ou à la ferme, mais aussi via des circuits de distribution comme les poissonneries, les grandes surfaces ou les restaurateurs. La vente directe permet au mytiliculteur de valoriser au mieux son produit et de tisser un lien avec sa clientèle.
Ainsi, le quotidien d'un mytiliculteur est rythmé par les marées et les saisons, dans un dialogue permanent avec l'environnement marin. Chaque étape, de la préparation du naissain à la vente des moules, requiert savoir-faire, patience et passion pour offrir aux consommateurs un produit savoureux et de qualité.
Compétences et qualités requises pour être mytiliculteur
Pour devenir un mytiliculteur efficace, il est essentiel de posséder un ensemble de compétences techniques et de qualités personnelles. Ce métier exigeant requiert non seulement un savoir-faire spécifique, mais aussi une grande endurance physique et mentale pour faire face aux conditions de travail particulières liées à l'élevage des moules.
Compétences techniques indispensables
Un mytiliculteur doit maîtriser les techniques d'élevage des moules, depuis la préparation du naissain jusqu'à la récolte et le conditionnement. Cela implique de savoir manipuler les cordes et les pieux, d'entretenir les installations, et de surveiller la croissance des moules. La connaissance des cycles de marée et des conditions environnementales optimales pour l'élevage est également primordiale.
De plus, le mytiliculteur doit être capable de conduire et d'entretenir les engins et bateaux utilisés pour accéder aux zones d'élevage. Des compétences en mécanique et en navigation sont donc nécessaires.
Qualités physiques et mentales requises
Le travail de mytiliculteur est physiquement exigeant. Il faut être capable de porter de lourdes charges, de travailler de longues heures debout, souvent les pieds dans l'eau. Une bonne endurance et une résistance aux conditions climatiques difficiles (froid, vent, pluie) sont indispensables.
Mentalement, le mytiliculteur doit faire preuve de résilience et d'adaptabilité. Les horaires de travail sont dictés par les marées, ce qui implique une grande flexibilité. La surveillance constante des moules nécessite aussi de la rigueur et de la persévérance.
Formations et qualifications
Plusieurs diplômes permettent d'acquérir les compétences nécessaires pour devenir mytiliculteur :
- Le CAP Maritime de Conchyliculture
- Le Bac Professionnel Cultures Marines
- Le BTS Aquaculture
Ces formations associent cours théoriques et stages pratiques pour une immersion complète dans le métier. Des permis spécifiques, comme le permis bateau, sont également requis.
Autres voies d'accès au métier
Il est aussi possible de devenir mytiliculteur par l'apprentissage auprès d'un professionnel expérimenté ou en reprenant une exploitation existante. Dans tous les cas, la passion pour le milieu marin et le goût du travail en extérieur restent des prérequis essentiels.
L'organisation des cycles de production
L'organisation des cycles de production est un aspect clé du métier de mytiliculteur. Chaque année, le mytiliculteur suit un calendrier bien défini pour assurer une production optimale de moules de qualité. Découvrons ensemble les différentes étapes de ce cycle annuel.
Le captage du naissain au printemps
Le cycle commence au printemps avec le captage du naissain, c'est-à-dire la collecte des larves de moules qui se fixent naturellement sur des supports appelés collecteurs. Cette étape est cruciale car elle détermine la quantité et la qualité des moules qui seront élevées. Les collecteurs sont généralement des cordes en coco ou des tubes en plastique suspendus dans l'eau.
Le grossissement des moules en été et automne
Une fois le naissain fixé, les jeunes moules sont transférées sur les structures d'élevage, principalement des bouchots (pieux en bois) ou des filières (cordes suspendues). Pendant l'été et l'automne, les moules grandissent en se nourrissant du plancton présent naturellement dans l'eau de mer. Le mytiliculteur veille à leur croissance en ajustant la densité des moules sur les supports et en les protégeant des prédateurs (crabes, oiseaux) à l'aide de filets.
Une surveillance continue est nécessaire pour s'assurer de la bonne santé des moules et détecter d'éventuels problèmes (maladies, pollution). Des contrôles réguliers de la qualité de l'eau sont effectués.
La récolte et la commercialisation en hiver
Après 12 à 18 mois d'élevage, les moules atteignent leur taille commerciale (4 à 5 cm) et sont prêtes à être récoltées, généralement pendant l'hiver. La récolte se fait à marée basse, soit manuellement, soit à l'aide d'engins mécaniques pour les grandes exploitations. Les moules sont ensuite triées, nettoyées et conditionnées pour la vente.
La France produit environ 80 000 tonnes de moules par an, dont 60% de moules de bouchot. Un mytiliculteur à son compte peut espérer un chiffre d'affaires annuel de 200 000 à 300 000 euros pour une production de 100 à 150 tonnes.
Étape |
Période |
Durée |
Captage du naissain |
Printemps |
2-3 mois |
Grossissement |
Été-Automne |
12-18 mois |
Récolte et vente |
Hiver |
3-4 mois |
Économie et impact environnemental de la mytiliculture
La mytiliculture, élevage des moules, est une activité économique importante pour les régions côtières françaises. Elle génère des revenus significatifs et fournit de l'emploi à de nombreuses personnes. Cependant, cette industrie a également un impact sur l'environnement marin, avec des effets à la fois positifs et négatifs.
L'importance économique de la mytiliculture en France
La France est un acteur majeur de la production de moules en Europe. Selon les données de la FAO, la production française de moules s'élevait à 76 200 tonnes en 2020, pour une valeur estimée à 130 millions d'euros. Les principales régions productrices sont la Bretagne, la Normandie, les Pays de la Loire et la Charente-Maritime.
La mytiliculture est une source d'emplois non négligeable dans ces régions côtières. On estime qu'un emploi direct en mytiliculture génère environ trois emplois indirects dans les secteurs connexes, tels que la transformation, la distribution et la restauration. Ainsi, cette activité contribue de manière significative à l'économie locale.
Les impacts environnementaux de l'élevage de moules
La filtration de l'eau par les moules
Les moules jouent un rôle écologique important en filtrant l'eau de mer. Une moule adulte peut filtrer jusqu'à 4 litres d'eau par heure, contribuant ainsi à la clarification de l'eau et à la réduction des particules en suspension. Cette action de filtration peut être bénéfique pour la qualité de l'eau et la biodiversité marine environnante.
L'occupation des zones maritimes
Cependant, la mytiliculture peut également avoir des impacts négatifs sur l'environnement. L'installation de bouchots ou de filières d'élevage occupe des espaces maritimes qui ne sont plus disponibles pour d'autres espèces marines. De plus, les déchets générés par les moules (fèces et pseudofèces) peuvent s'accumuler sur les fonds marins, modifiant localement l'écosystème.
Les réglementations pour une mytiliculture durable
Pour minimiser ces impacts négatifs, la mytiliculture est soumise à des réglementations strictes en France. Les zones d'élevage doivent être autorisées et régulièrement contrôlées pour garantir la qualité de l'eau et le respect de l'environnement. Les mytiliculteurs sont également tenus de respecter des pratiques d'élevage durables, comme la limitation de la densité des moules et la gestion responsable des déchets.
Année |
Production (tonnes) |
Valeur (millions €) |
2018 |
80 400 |
138 |
2019 |
77 900 |
134 |
2020 |
76 200 |
130 |
La mytiliculture est un pilier économique important pour les régions côtières françaises, mais elle doit être pratiquée de manière responsable et durable pour préserver l'équilibre des écosystèmes marins.
L'essentiel à retenir sur le métier de mytiliculteur
Le métier de mytiliculteur requiert de solides compétences techniques, une excellente condition physique et la capacité à travailler en extérieur par tous les temps. Malgré les difficultés, il joue un rôle économique important pour les régions côtières françaises et présente des impacts environnementaux globalement positifs grâce à la filtration de l'eau par les moules. À l'avenir, la mytiliculture devra cependant relever les défis du changement climatique et de la préservation des zones maritimes.