La
reprise d'une exploitation agricole sans apport financier peut sembler un défi. Cet article propose des solutions concrètes et des conseils pratiques pour y parvenir, notamment en explorant les différentes aides financières et options de financement disponibles.
Les aides financières disponibles pour les agriculteurs
Reprendre une exploitation agricole sans apport financier initial et sans diplôme peut sembler un défi insurmontable, mais il existe heureusement plusieurs aides et solutions pour faciliter cette démarche. Les agriculteurs aspirants peuvent bénéficier de diverses subventions, prêts bonifiés et programmes de soutien proposés par les institutions européennes, nationales et locales.
Les subventions et aides européennes
Au niveau européen, les fonds structurels comme le FEADER (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural) proposent des subventions spécifiques pour l'installation des jeunes agriculteurs. Ces aides, pouvant aller jusqu'à 70 000€, visent à couvrir les frais de reprise et de modernisation de l'exploitation.
Pour être éligible, il faut généralement avoir moins de 40 ans, disposer d'un diplôme agricole et présenter un projet viable économiquement. En 2022, plus de 5 000 jeunes agriculteurs ont bénéficié de cette dotation en France, pour un montant moyen de 31 500€.
Les aides nationales et régionales
Au niveau national, des prêts bonifiés sont accordés par des organismes comme le Crédit Agricole ou la Banque Publique d'Investissement. Avec des taux d'intérêt réduits (souvent inférieurs à 2%) et des différés de remboursement, ils permettent de financer jusqu'à 90% du coût de reprise.
Certaines régions proposent également des compléments de financement ou des primes à l'installation pouvant atteindre 15 000€. C'est le cas par exemple en Bretagne ou en Auvergne-Rhône-Alpes.
Exemple concret en Nouvelle-Aquitaine
"Grâce aux 25 000€ de la Dotation Jeune Agriculteur et aux 80 000€ de prêt bonifié, j'ai pu reprendre la ferme laitière familiale de 50 hectares sans apport. Un vrai soulagement !" témoigne Julien, 28 ans, installé en Corrèze.
Les autres dispositifs de soutien
D'autres programmes facilitent l'accès au foncier pour les agriculteurs sans apport, comme les prêts à long terme du foncier agricole ou les aides à la transmission progressive des exploitations. Des incitations fiscales, comme l'abattement sur les droits de mutation, encouragent aussi la reprise.
Enfin, des structures comme les SAFER, les Chambres d'Agriculture ou les réseaux comme les CIVAM apportent un précieux accompagnement technique et administratif aux porteurs de projet.
Type d'aide |
Montant moyen |
Bénéficiaires en 2022 |
Dotation Jeune Agriculteur |
31 500 € |
5 200 |
Prêt bonifié installation |
76 000 € |
4 800 |
Aide régionale complémentaire |
8 500 € |
3 100 |
Stratégies pour minimiser l'apport initial
Pour minimiser le montant d'apport nécessaire à la reprise d'une exploitation agricole, il est essentiel d'adopter des stratégies pratiques et d'optimiser les coûts. En identifiant les surfaces agricoles essentielles, en utilisant judicieusement les prêts bonifiés et les subventions, et en réalisant une étude approfondie des besoins et priorités, il est possible de réduire significativement les coûts initiaux.
Des solutions pour surmonter les obstacles
Face à ces défis, plusieurs solutions existent pour faciliter la reprise des exploitations agricoles :
Les aides financières
Différentes aides financières sont disponibles pour les repreneurs, comme la Dotation Jeunes Agriculteurs (DJA), les aides à la création d'entreprise (ACCRE, NACRE) ou encore les aides locales. Des solutions de financement innovantes, comme la location avec option d'achat proposée par FEVE, peuvent également être envisagées.
L'accompagnement par des experts
Le réseau AS propose un accompagnement personnalisé aux créateurs et repreneurs d'exploitations agricoles. Des experts expérimentés et des agriculteurs déjà installés sont à leur écoute pour les conseiller et les guider dans l'élaboration de leur projet, le lancement et le développement de leur activité.
Une bonne préparation en amont
Anticiper la transmission de l'exploitation en famille est essentiel pour optimiser la fiscalité de l'opération. Le pacte Dutreil, par exemple, permet de réduire drastiquement les droits de succession ou de donation, avec une exonération pouvant atteindre 75% de la valeur des titres transmis.
La reprise d'une exploitation agricole est un défi complexe mais surmontable. Avec une bonne préparation, un accompagnement adapté et le recours aux aides disponibles, les nouveaux agriculteurs peuvent réussir leur installation et contribuer à relever les défis alimentaires et environnementaux de demain.
Identifier les surfaces agricoles essentielles
Une des premières étapes pour minimiser l'apport initial est d'identifier précisément les surfaces agricoles dont vous avez réellement besoin pour votre projet. En vous concentrant sur les terres indispensables à votre activité, vous pouvez éviter d'investir dans des surfaces superflues et ainsi réduire le coût global de reprise.
Par exemple, si votre projet se concentre sur les cultures maraîchères, vous n'aurez peut-être pas besoin de reprendre l'intégralité des prairies ou des bois de l'exploitation. En ciblant uniquement les parcelles nécessaires, vous pouvez économiser plusieurs dizaines de milliers d'euros sur le prix de reprise.
Optimiser les coûts de reprise
Outre le foncier, il est important d'optimiser les autres coûts liés à la reprise, comme le matériel agricole et les bâtiments d'exploitation. Quelques astuces permettent de réduire ces dépenses :
- Privilégier l'achat de matériel d'occasion récent et bien entretenu plutôt que du neuf
- Louer certains équipements coûteux au lieu de les acheter
- Rénover les bâtiments existants plutôt que d'en construire des nouveaux
- Négocier les prix avec les fournisseurs et prestataires
En appliquant ces conseils, vous pouvez économiser jusqu'à 30% sur le coût du matériel et des bâtiments, soit souvent plusieurs dizaines de milliers d'euros.
Utiliser les prêts bonifiés et subventions
Pour financer la reprise à moindre coût, il est judicieux de recourir autant que possible aux prêts bonifiés et aux subventions proposés par différents organismes. Les prêts
Installation Jeune Agriculteur ou les aides à l'installation de la PAC permettent par exemple de bénéficier de conditions de financement très avantageuses :
- Prêts à taux réduit (souvent inférieurs à 2%)
- Différé de remboursement possible (jusqu'à 5 ans)
- Subventions à l'installation (plusieurs milliers d'euros)
En cumulant ces différentes aides, vous pouvez financer une part substantielle du projet et ainsi réduire considérablement votre apport personnel. À titre d'exemple, pour une reprise à 300 000€, l'utilisation optimale des aides peut permettre de ramener l'apport à moins de 50 000€.
Réaliser une étude approfondie des besoins
Enfin, pour minimiser le montant de l'apport initial, il est crucial de réaliser une étude détaillée de vos besoins et priorités. En analysant finement votre projet, vous pourrez identifier les investissements réellement indispensables et ceux qui peuvent être reportés ou évités.
Cette étude doit inclure un plan de financement précis, intégrant un chiffrage de chaque poste de dépense. Vous pourrez ainsi visualiser clairement l'impact de chaque optimisation sur le montant global de l'apport nécessaire. Un accompagnement par des conseillers spécialisés (comptable, banquier, centre de gestion) est souvent précieux pour affiner cette étude et identifier toutes les pistes d'économies.
En appliquant ces différentes stratégies, vous pouvez réduire significativement le montant d'apport nécessaire à la reprise d'une exploitation agricole, souvent de plusieurs dizaines de milliers d'euros. Une préparation minutieuse et une optimisation de chaque poste de dépense sont les clés pour concrétiser votre projet à moindre coût.
Options de financement alternatives
Pour ceux qui souhaitent reprendre une exploitation agricole sans apport personnel, il existe heureusement des options de financement alternatives. Ces solutions permettent de réaliser son projet même sans disposer d'un capital de départ conséquent.
Les prêts professionnels pour financer une reprise d'exploitation
Les prêts professionnels sont une option intéressante pour ceux qui n'ont pas d'apport. Proposés par les banques, ces prêts sont spécifiquement destinés aux entrepreneurs et professionnels, dont les agriculteurs. Les montants peuvent aller de quelques dizaines de milliers d'euros à plusieurs centaines de milliers d'euros, avec des durées de remboursement allant généralement de 5 à 15 ans.
Pour obtenir un prêt professionnel, il faut présenter un solide business plan démontrant la viabilité et la rentabilité du projet de reprise. Les taux d'intérêt sont variables selon les banques et le profil de l'emprunteur, mais se situent en moyenne entre 1,5% et 4%. Des garanties peuvent être demandées, comme une caution personnelle ou une hypothèque sur un bien immobilier.
Le financement participatif, une solution en plein essor
Le crowdfunding, ou financement participatif, est une autre option de plus en plus prisée par les porteurs de projet agricole. Le principe est de collecter des fonds auprès d'une multitude de particuliers via des plateformes en ligne spécialisées. Deux modèles principaux existent:
Le don avec contrepartie
Les contributeurs font un don et reçoivent en échange une récompense (produits de la ferme, séjour à la ferme, etc). Les montants collectés vont de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers d'euros. C'est un bon moyen de financer le démarrage d'une activité et de fédérer une communauté autour de son projet.
Le prêt participatif
Les particuliers prêtent de l'argent avec un taux d'intérêt et sur une durée déterminée (1 à 5 ans en général). Les montants sont plus élevés, jusqu'à plusieurs centaines de milliers d'euros. Le porteur de projet doit convaincre de la solidité de son business plan. Les taux se situent entre 4% et 10%.
Parmi les plateformes de crowdfunding dédiées à l'agriculture, on peut citer:
- Blue Bees: leader du financement participatif agricole, plus de 500 projets financés depuis 2014
- Agrilend: spécialisée dans les prêts participatifs pour les agriculteurs, de 10 000€ à 800 000€
- Miimosa: plus de 3 millions d'euros collectés pour des projets agricoles et alimentaires
Les investisseurs privés, une piste à explorer
Faire appel à des investisseurs privés, aussi appelés "business angels", est une autre option. Ces particuliers fortunés investissent leur argent dans des entreprises en démarrage en échange de parts dans la société. Ils apportent aussi souvent leur expérience et leur réseau.
Trouver des investisseurs privés prêts à miser sur un projet agricole demande un gros travail de réseautage et de persuasion. Il faut les convaincre du potentiel de développement et de la rentabilité future de l'exploitation. Les sommes en jeu sont conséquentes, de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de milliers d'euros.
En contrepartie de ce financement, l'investisseur détiendra une part du capital de l'exploitation et aura son mot à dire sur les décisions stratégiques. Une bonne entente et un alignement des visions sont donc essentiels pour que ce type de partenariat fonctionne sur le long terme.
Exemples de réussites sans apport
Reprendre une exploitation agricole sans apport personnel peut sembler un défi insurmontable, mais certains agriculteurs passionnés ont réussi à concrétiser leur rêve grâce à leur détermination et à des solutions de financement innovantes. Voici quelques exemples inspirants de réussites sans apport initial, qui prouvent qu'avec de la persévérance et de la créativité, il est possible de reprendre une ferme même sans capital de départ.
L'histoire de Jean, jeune agriculteur du Lot-et-Garonne
Jean, 28 ans, a toujours rêvé de reprendre l'exploitation familiale de 50 hectares spécialisée dans les fruits et légumes. Sans apport personnel, il a dû faire preuve d'ingéniosité pour financer son projet. Grâce à un prêt d'honneur de 30 000€ obtenu auprès de la Chambre d'Agriculture et un prêt bancaire de 200 000€ garanti par BPI France, Jean a pu racheter les parts de ses parents et moderniser l'exploitation.
"Au début, les banques étaient réticentes à me prêter sans apport. Mais j'ai su les convaincre de la solidité de mon projet en présentant un business plan détaillé et des garanties solides. Aujourd'hui, 5 ans après, mon exploitation est florissante et j'ai pu embaucher 2 salariés."
Jean, agriculteur dans le Lot-et-Garonne
Sophie, éleveuse passionnée dans les Alpes
À 35 ans, Sophie a repris une ferme d'élevage de 30 hectares dans les Alpes, sans un euro en poche. Pour financer les 350 000€ nécessaires, elle a fait appel au financement participatif via la plateforme Miimosa. En quelques semaines, elle a récolté 100 000€ auprès de 250 contributeurs séduits par son projet. Combiné à un prêt bancaire et des aides à l'installation, ce crowdfunding lui a permis de concrétiser son rêve.
Financement |
Montant |
Crowdfunding Miimosa |
100 000€ |
Prêt bancaire |
200 000€ |
Aides à l'installation |
50 000€ |
Les clés de sa réussite
- Un projet innovant alliant élevage traditionnel et vente directe
- Une campagne de crowdfunding bien préparée, avec une vidéo et des contreparties attractives
- Des partenariats locaux pour la transformation et la commercialisation de ses produits
Deux ans après son installation, Sophie a atteint l'équilibre financier et envisage désormais de diversifier son activité avec l'agrotourisme.
La reprise collective d'une exploitation céréalière dans la Beauce
En 2019, 5 jeunes agriculteurs sans apport ont décidé d'unir leurs forces pour reprendre ensemble une exploitation céréalière de 200 hectares dans la Beauce. Grâce à la combinaison astucieuse de différents financements (prêts, aides, investisseurs privés...), ils ont réuni les 2 millions d'euros nécessaires.
Montage financier pour la reprise de l'exploitation :
- 500 000€ : Prêts bancaires
- 600 000€ : Prêts d'honneur et aides
- 400 000€ : Investisseurs privés
- 500 000€ : Crédit-bail pour le matériel agricole
Malgré quelques difficultés initiales liées à la cohésion du groupe et à une première année de sécheresse, la ferme a dégagé des bénéfices dès la 2ème année. Un bel exemple de synergie et de solidarité!
Ces success stories montrent que reprendre une exploitation agricole sans apport est possible, en mobilisant des solutions de financement alternatives et en faisant preuve de créativité et de persévérance. Des qualités essentielles pour tout agriculteur qui souhaite se lancer, même sans capital de départ !