Comment choisir les meilleurs couverts végétaux pour votre exploitation ?
Choisir les meilleurs couverts végétaux pour son exploitation est essentiel pour optimiser les rendements et préserver l'environnement. Cet article aborde les aspects clés pour effectuer un choix éclairé et adapté à ses besoins spécifiques.
Déterminer les besoins de votre exploitation
Pour choisir les meilleurs couverts végétaux, il est essentiel de bien comprendre les besoins spécifiques de votre exploitation. Chaque parcelle est unique, avec ses propres caractéristiques de sol, de microclimats et de rotations culturales. Une analyse approfondie de ces paramètres vous permettra d'identifier les espèces végétales les plus adaptées pour optimiser la gestion de vos sols.
Vous pouvez trouver des conseils et des ressources utiles sur aladin.farm pour vous aider dans cette démarche.
Évaluer les caractéristiques du sol de chaque parcelle
La nature du sol est un critère déterminant dans le choix des couverts végétaux. Par exemple, sur des sols argileux ou compactés, il faudra privilégier des espèces capables d'améliorer la structure du sol grâce à leurs systèmes racinaires puissants et profonds. Parmi les plantes particulièrement efficaces pour cela, on peut citer :
Le radis fourrager, avec sa racine pivotante qui peut descendre jusqu'à 2 mètres de profondeur
La féverole, dont les racines peuvent atteindre 1,50 mètre
Le tournesol, capable de décompacter les sols en profondeur
À l'inverse, sur des sols sableux ou superficiels, on cherchera plutôt des espèces avec un système racinaire plus fasciculé pour améliorer la cohésion du sol et limiter les risques d'érosion. Les graminées comme l'avoine, le seigle ou le ray-grass sont particulièrement intéressantes dans ce cas.
Tenir compte du type de culture en rotation
Le choix des couverts végétaux doit aussi se raisonner en fonction des cultures présentes dans la rotation. L'objectif est de sélectionner des espèces complémentaires, qui ne soient pas hôtes des mêmes ravageurs ou maladies. Quelques exemples :
Éviter les crucifères (moutarde, radis...) avant une culture de colza pour limiter les risques de hernie et d'altises
Ne pas implanter de graminées avant un blé ou un maïs pour ne pas favoriser les populations de chrysomèles et de pyrales
Privilégier les légumineuses avant une céréale pour enrichir le sol en azote et améliorer les rendements
Famille botanique
Exemples d'espèces
Atouts agronomiques
Précautions
Légumineuses
Trèfle, luzerne, vesce, pois, féverole
Fixation d'azote, fourniture de fourrage
Sensibles aux sitones et aphanomyces
Crucifères
Moutarde, radis, colza fourrager
Effet "pompe à nitrates", amélioration de la structure du sol
Hôtes de la hernie et des altises
Graminées
Avoine, seigle, ray-grass
Forte production de biomasse, bonne couverture du sol
Sensibles aux chrysomèles et pyrales
Impliquer les employés pour mieux cerner les besoins
Pour affiner le diagnostic, n'hésitez pas à solliciter vos employés agricoles qui connaissent parfaitement le terrain. Leur expérience et leurs observations quotidiennes constituent une source d'information précieuse pour identifier les zones à problèmes et les besoins prioritaires de chaque parcelle.
"Quand on leur demande leur avis, les gars sont plus impliqués. Ils se sentent valorisés et ça permet souvent de pointer des détails auxquels on n'avait pas pensé. L'année dernière par exemple, mon tractoriste m'a fait remarquer qu'on avait régulièrement des problèmes de battance dans le bas d'une parcelle après de gros orages. Du coup, on a testé un couvert de seigle et de vesce qui a bien structuré le sol. Et au printemps, les rendements du maïs étaient au top !" Mathieu, agriculteur dans l'Ariège
Utiliser les outils techniques disponibles
Pour approfondir votre analyse, de nombreux outils sont à votre disposition. Vous pouvez notamment réaliser des profils de sol avec une bêche ou une tarière pour évaluer la structure, l'enracinement et l'activité biologique. Des analyses de terre permettront de connaître précisément les caractéristiques physico-chimiques (granulométrie, pH, teneurs en éléments nutritifs).
Il existe aussi des outils d'aide à la décision pour le choix des couverts en fonction de différents critères (date et mode d'implantation, durée de l'interculture, destruction...):
Le guide Comprendre et choisir les couverts végétaux de la Chambre d'agriculture de Poitou-Charentes
L'outil en ligne choisirsoncouverthiver.arvalisinstitutduvegetal.fr
Des guides régionaux comme ceux des Chambres d'agriculture de Bretagne, d'Alsace ou de Lorraine
Enfin, l'imagerie satellitaire et les outils de cartographie peuvent vous aider à visualiser l'hétérogénéité de vos parcelles et cibler les zones où les couverts seront les plus bénéfiques. Des start-up comme Airinov ou Hiphen proposent des prestations de conseil à partir de l'analyse d'images drones ou satellitaires.
Intégrer les aspects économiques et environnementaux
Le choix des couverts végétaux doit aussi prendre en compte les réalités économiques de votre exploitation. Viséez des espèces peu coûteuses, faciles à implanter avec le matériel dont vous disposez. Renseignez-vous sur les éventuelles aides disponibles (PAC, MAEC, aides régionales...) qui peuvent financer l'achat de semences.
N'oubliez pas non plus les bénéfices environnementaux que peuvent apporter les couverts en améliorant la qualité de l'eau et en favorisant la biodiversité. Des espèces mellifères comme la phacélie ou le trèfle incarnat attirent de nombreux pollinisateurs. Les mélanges de couverts créent des habitats favorables à toute la faune auxiliaire (oiseaux, insectes, mammifères).
Une étude menée par l'INRA entre 2012 et 2016 a montré que l'introduction de couverts végétaux d'interculture permettait d'augmenter de 30% en moyenne la population de carabes, des coléoptères très utiles
Sélection des espèces de couverts selon leurs avantages spécifiques
La sélection judicieuse des espèces de couverts végétaux est un élément fondamental pour optimiser les bénéfices agronomiques et environnementaux de cette pratique. Chaque espèce possède des caractéristiques spécifiques qui peuvent répondre à différents objectifs selon les besoins de l'exploitation agricole.
Choisir des espèces adaptées aux objectifs
Avant de sélectionner les espèces de couverts, il est primordial d'identifier clairement les objectifs recherchés. Voici quelques exemples d'espèces adaptées en fonction des bénéfices visés :
Structuration du sol
Pour améliorer la structure du sol, il est recommandé de choisir des plantes à racines pivotantes comme le tournesol, le radis chinois, la moutarde ou encore le colza fourrager. Ces espèces permettent de décompacter le sol en profondeur et favorisent une meilleure circulation de l'eau et de l'air.
Gestion des adventices
Si l'objectif est de limiter le développement des mauvaises herbes, il est préférable d'opter pour des espèces avec un fort pouvoir couvrant telles que la moutarde, la vesce, le moha ou la phacélie. Ces plantes vont rapidement couvrir le sol et ainsi empêcher la germination et la croissance des adventices par compétition pour la lumière et les ressources du sol.
Recyclage des éléments fertilisants
Pour optimiser le recyclage des éléments nutritifs, notamment l'azote, il est intéressant d'intégrer des légumineuses dans le mélange de couverts. Des espèces comme le trèfle, la vesce, le pois fourrager ou la féverole vont fixer l'azote atmosphérique grâce à leurs nodosités racinaires et ainsi enrichir le sol. Des essais réalisés entre 1975 et 2016 ont montré un gain de rendement moyen de +2,9% pour les cultures suivantes grâce à l'utilisation de couverts végétaux, avec une efficacité particulière des légumineuses dans le stockage de l'azote.
Type de couvert
Gain de rendement moyen
Graminées
+1%
Crucifères
+3%
Légumineuses et mélanges avec légumineuses
+6%
Combiner les espèces pour des bénéfices multiples
Pour maximiser les avantages des couverts végétaux, il est souvent judicieux de réaliser des mélanges d'espèces complémentaires. Par exemple, associer des légumineuses pour le recyclage de l'azote avec des espèces à croissance rapide et fort pouvoir couvrant pour gérer les adventices. Ainsi, un mélange de trèfle incarnat, de phacélie et de moutarde peut être particulièrement intéressant pour combiner ces différents bénéfices.
Le choix des espèces de couverts végétaux doit être raisonné en fonction des besoins spécifiques de chaque exploitation agricole. Une analyse fine des objectifs recherchés et des caractéristiques des parcelles permettra de sélectionner les espèces les plus adaptées et de composer des mélanges performants pour optimiser les bénéfices agronomiques et environnementaux de cette pratique.
Méthodes de semis et densités conseillées
Le choix des couverts végétaux représente une étape importante pour optimiser les bénéfices agro-écologiques recherchés. Cependant, au-delà de la sélection des espèces, la réussite de l'implantation des couverts dépend fortement des conditions de semis. La préparation du sol, le matériel utilisé et le climat sont des facteurs clés à prendre en compte pour garantir une levée optimale et homogène.
Période de semis et conditions climatiques
La période idéale pour le semis des couverts végétaux se situe généralement entre la moisson de la culture précédente et les premières pluies significatives. En France, cela correspond souvent aux mois de juillet à septembre, en fonction des régions et des cultures en place. Les semis précoces, réalisés dès la récolte, permettent de profiter de l'humidité résiduelle du sol et d'une plus longue période de croissance avant l'hiver.
Il est essentiel de surveiller les conditions météorologiques pour choisir le moment opportun. Un sol suffisamment réchauffé et une pluviométrie régulière dans les jours suivant le semis favoriseront une germination rapide et homogène. En cas de conditions sèches persistantes, il peut être préférable de différer le semis jusqu'aux premières pluies significatives, tout en veillant à ne pas trop retarder l'implantation.
Préparation du sol et méthodes de semis
La préparation du sol avant le semis des couverts doit être réalisée avec soin pour créer un lit de semences favorable. Un travail superficiel du sol, sur 5 à 10 cm de profondeur, suffit généralement. Il permet d'émietter les mottes, de niveler la surface et de contrôler les adventices présentes. Le déchaumage ou le passage d'outils à dents sont des techniques couramment utilisées.
Le choix du matériel de semis dépend des espèces de couverts sélectionnées et des conditions de sol :
Pour les mélanges avec des graines de petite taille, un semoir à céréales classique convient parfaitement. Il permet une répartition homogène des graines et un contrôle précis de la profondeur de semis.
En conditions sèches, l'utilisation d'un semoir direct à disques ou à dents peut être intéressante. Ces équipements permettent de semer directement dans les résidus de récolte, en perturbant peu le sol et en préservant l'humidité présente.
Pour les couverts monospécifiques avec des graines de plus grande taille (féverole, pois...), le recours à un semoir monograine est envisageable.
Densités de semis recommandées
Les densités de semis doivent être adaptées aux espèces choisies et aux objectifs visés. Des densités élevées permettent une couverture rapide du sol, une concurrence accrue face aux adventices et une production de biomasse importante. À l'inverse, des densités plus faibles favorisent le développement individuel des plantes et la production de graines.
Voici quelques densités conseillées pour les espèces couramment utilisées :
Espèce
Densité de semis (kg/ha)
Phacélie
8 - 10
Moutarde
10 - 15
Sorgho
20 - 25
Vesce
40 - 60
Trèfle d'Alexandrie
15 - 20
Fertilisation starter
Une fertilisation starter peut être envisagée au semis pour favoriser le démarrage des couverts, en particulier dans des sols à faible potentiel. Un apport de 20 à 40 unités d'azote sous forme minérale (ammonitrate) ou organique (digestat, lisier...) stimulera la croissance initiale. Attention cependant à ne pas sur-fertiliser les légumineuses, sous peine de réduire leur capacité de fixation symbiotique de l'azote atmosphérique.
La réussite de l'implantation des couverts végétaux repose sur une combinaison de facteurs : choix de la période de semis, préparation soignée du sol, utilisation d'un matériel adapté, maîtrise des densités et raisonnement de la fertilisation starter. Une attention particulière à ces éléments augmentera les chances d'obtenir des couverts performants, à même de remplir pleinement leurs fonctions agro-écologiques.
Avantages écologiques et agronomiques des couverts végétaux
Les couverts végétaux offrent de multiples avantages écologiques et agronomiques pour les exploitations agricoles. Ils permettent non seulement d'améliorer la fertilité et la structure des sols, mais aussi de favoriser la biodiversité et de rendre de précieux services écosystémiques. Découvrons en détail les nombreux bénéfices qu'apportent ces alliés verts.
Protection contre l'érosion et amélioration de la structure du sol
L'un des principaux atouts des couverts végétaux réside dans leur capacité à lutter efficacement contre l'érosion des sols. Grâce à leur système racinaire développé, ils stabilisent la terre et limitent le ruissellement, réduisant ainsi les pertes de sol fertile. Selon une étude menée par l'INRA, la mise en place de couverts végétaux peut diminuer l'érosion jusqu'à 80% par rapport à un sol nu.
De plus, les couverts végétaux contribuent activement à l'amélioration de la structure du sol. Leurs racines créent des réseaux de galeries qui favorisent l'aération et la circulation de l'eau. Cela se traduit par une meilleure porosité et une augmentation de la capacité de rétention en eau du sol. Des recherches ont montré que les couverts végétaux peuvent accroître la teneur en matière organique du sol de 0,2 à 0,5% par an, renforçant ainsi sa fertilité.
Promotion de la biodiversité et services écosystémiques
Au-delà de leurs bénéfices pour le sol, les couverts végétaux jouent un rôle essentiel dans la promotion de la biodiversité. Ils offrent un habitat et des ressources alimentaires pour une multitude d'espèces, des insectes pollinisateurs aux oiseaux en passant par les petits mammifères. Par exemple, la phacélie est particulièrement appréciée des abeilles et autres pollinisateurs grâce à ses fleurs mellifères.
Les couverts végétaux rendent également de précieux services écosystémiques. Ils favorisent la régulation naturelle des ravageurs en abritant leurs prédateurs naturels. Selon une étude publiée dans la revue Agriculture, Ecosystems & Environment, la présence de couverts végétaux peut réduire de 40 à 80% les populations de pucerons dans les cultures.
Stockage d'azote et amélioration des rendements
Les couverts végétaux, en particulier les légumineuses, ont la remarquable capacité de capter l'azote atmosphérique et de le restituer au sol. Une tonne de matière sèche produite par un couvert végétal peut ainsi stocker jusqu'à 26 unités d'azote, enrichissant naturellement le sol. Cet apport d'azote profite directement aux cultures suivantes, réduisant les besoins en engrais azotés.
De plus, l'utilisation de couverts végétaux peut avoir un impact positif sur les rendements des cultures. Une étude menée par Arvalis-Institut du végétal a montré que l'implantation de légumineuses en couvert avant une culture de tournesol pouvait augmenter les rendements de 5 à 10%. Ce gain s'explique par l'amélioration de la fertilité du sol et la disponibilité accrue des éléments nutritifs pour la culture principale.
Espèce de couvert
Azote stocké (kg/ha)
Gain de rendement sur tournesol
Trèfle incarnat
80-120
5-10%
Vesce commune
100-150
5-10%
Pois fourrager
70-100
3-7%
Les couverts végétaux se révèlent être de véritables alliés pour les agriculteurs soucieux de préserver l'environnement tout en optimisant leurs performances agronomiques. Grâce à leurs multiples bénéfices, tant pour le sol que pour la biodiversité, ils s'imposent comme un levier incontournable vers une agriculture durable et résiliente.
L'essentiel à retenir sur le choix des meilleurs couverts végétaux
Le choix des couverts végétaux représente un levier agronomique et environnemental majeur. À l'avenir, l'intégration des couverts dans les systèmes de production pourrait s'intensifier, valorisant davantage leurs nombreux services écosystémiques. L'utilisation de mélanges d'espèces offrirait également de nouvelles perspectives pour maximiser les bénéfices et répondre aux enjeux de durabilité. L'innovation autour des couverts végétaux reste un champ d'exploration prometteur.
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