Aquaculture en France

L'aquaculture, soit l'élevage d'espèces aquatiques comme les poissons, les mollusques ou les crustacés, devient un enjeu primordial pour répondre à la demande alimentaire croissante tout en préservant les ressources naturelles.

📊 À retenir

En France, l'aquaculture produit environ 37 000 tonnes de truites par an, illustrant son importance dans la production alimentaire nationale.

Qu'est-ce que l'aquaculture ?

L'aquaculture est une activité qui consiste à élever des organismes aquatiques dans des milieux contrôlés ou semi-contrôlés, que ce soit en eau douce ou en milieu marin. Cette pratique se distingue de la pêche par l'intervention humaine dans le processus de production, permettant ainsi de répondre à la demande croissante en produits aquatiques tout en réduisant la pression sur les stocks sauvages.

Diversité des espèces élevées en aquaculture

L'aquaculture regroupe l'élevage d'une grande variété d'espèces aquatiques, parmi lesquelles :

• Les poissons : saumon, truite, bar, daurade, turbot, etc.
• Les mollusques : huîtres, moules, palourdes, etc.
• Les crustacés : crevettes, écrevisses, homards, etc.
• Les plantes aquatiques : algues, micro-algues, etc.

Pisciculture et conchyliculture

Parmi les différentes formes d'aquaculture, on distingue notamment :

• La pisciculture, qui concerne l'élevage des poissons
• La conchyliculture, dédiée à l'élevage des coquillages (huîtres, moules, etc.) dont l'ostréiculture et la mytiliculture.

Milieux d'élevage : eau douce et milieu marin

L'aquaculture se pratique dans différents types de milieux aquatiques :

• En eau douce : étangs, bassins, cages flottantes en lac ou en rivière
• En milieu marin : cages en mer, parcs à huîtres, filières à moules
• Dans des environnements contrôlés : bassins à terre, circuits fermés (recirculation de l'eau)

L'aquaculture, une activité distincte de la pêche

Contrairement à la pêche, qui repose sur le prélèvement d'organismes sauvages dans leur milieu naturel, l'aquaculture implique une intervention humaine à différents stades du cycle de vie des espèces élevées :

• Reproduction et écloserie
• Alimentation et suivi sanitaire
• Gestion des paramètres d'élevage (température, qualité de l'eau, etc.)

Cette maîtrise du processus de production permet à l'aquaculture de s'affranchir des aléas liés à la pêche et de proposer des produits de qualité, disponibles tout au long de l'année.

L'importance de l'aquaculture : production alimentaire et durabilité

L'aquaculture joue un rôle crucial dans la production alimentaire mondiale et la durabilité des ressources aquatiques. Face à la pression croissante exercée sur les stocks de poissons sauvages, l'élevage d'espèces aquatiques apparaît comme une solution viable pour répondre à la demande en protéines animales, tout en préservant les écosystèmes marins et d'eau douce.

Une production alimentaire significative

En 2010, l'aquaculture a produit 60 millions de tonnes de poissons, mollusques et crustacés destinés à la consommation humaine. Ce chiffre impressionnant témoigne de l'importance de ce secteur dans l'approvisionnement alimentaire mondial. L'Asie, en particulier, domine le marché, avec 9/10ème de la production aquacole mondiale. La Chine se distingue comme le premier producteur aquacole, avec 36,7 millions de tonnes en 2010. Ce pays a su développer des techniques d'élevage efficaces, notamment pour les carpes, qui représentent la principale espèce d'élevage au niveau mondial.

Préserver les espèces menacées et restaurer les habitats

Au-delà de son rôle dans la production alimentaire, l'aquaculture contribue également à la préservation de la biodiversité aquatique. L'élevage de certaines espèces menacées permet de soulager la pression sur les populations sauvages, tout en maintenant leur présence sur le marché. C'est le cas, par exemple, du thon rouge, dont les stocks naturels sont surexploités. L'aquaculture participe aussi à la restauration des habitats dégradés et à l'amélioration des stocks sauvages. Des programmes de repeuplement sont mis en place, consistant à élever des juvéniles en captivité avant de les relâcher dans leur milieu naturel. Cette pratique permet de renforcer les populations sauvages et de favoriser la résilience des écosystèmes aquatiques.

Vers une aquaculture durable

Malgré ses nombreux avantages, l'aquaculture doit relever plusieurs défis pour assurer sa durabilité à long terme. La gestion des effluents, la prévention des maladies et l'utilisation raisonnée des ressources naturelles sont autant d'enjeux cruciaux pour le développement d'une aquaculture responsable. Des efforts sont déployés pour mettre au point des pratiques d'élevage innovantes, respectueuses de l'environnement et du bien-être animal. L'alimentation des poissons d'élevage, par exemple, fait l'objet de recherches visant à réduire la dépendance aux farines et huiles de poisson, issues de la pêche minotière. En France, l'aquaculture s'inscrit dans une démarche de durabilité, avec l'ambition de concilier performance économique, respect de l'environnement et acceptabilité sociale. Les professionnels du secteur s'engagent dans des démarches de certification et de labellisation, garantissant la qualité et la traçabilité des produits aquacoles.

Les formes traditionnelles et modernes d'aquaculture en France

L'aquaculture en France a une longue histoire, avec des formes traditionnelles qui remontent à plusieurs siècles, voire millénaires. Au fil du temps, ces pratiques ont évolué pour intégrer des techniques modernes, permettant d'élever une plus grande variété d'espèces aquatiques de manière durable. Découvrons ensemble les différentes facettes de l'aquaculture française, de ses origines à nos jours.

Les formes traditionnelles d'aquaculture en France

La conchyliculture, ou élevage de coquillages, est l'une des formes les plus anciennes d'aquaculture en France. Dès le Moyen Âge, les moules étaient cultivées sur des bouchots, des pieux en bois plantés dans les zones de balancement des marées. Cette technique, toujours utilisée aujourd'hui, a permis de développer une production importante de moules, huîtres et autres coquillages le long des côtes françaises. La pisciculture en étang, quant à elle, s'est développée en Europe à partir du Moyen Âge, notamment sous l'influence des prescriptions alimentaires religieuses. En France, des régions comme la Brenne et la Dombes ont vu l'essor de cette forme d'aquaculture, qui consiste à élever des poissons dans des étangs aménagés. Ces techniques traditionnelles, bien qu'empiriques, ont posé les bases de l'aquaculture moderne.

L'essor des techniques modernes d'aquaculture

À partir des années 1960, la recherche a permis de faire des avancées significatives dans le domaine de l'aquaculture. Les progrès en matière de biologie, physiologie, nutrition et pathologie ont abouti à la mise au point de nouvelles filières d'élevage. En France, ces efforts se sont concentrés sur des espèces à haute valeur commerciale, comme le bar, la daurade royale et le saumon.

Le bar et la daurade royale

La pisciculture marine européenne, hors salmoniculture, a été initiée en France dans les années 1980. Les recherches ont permis de maîtriser la reproduction, l'élevage larvaire, le sevrage et le grossissement du bar et de la daurade royale. Ces avancées ont ouvert la voie à l'élevage d'autres espèces de poissons marins en grande quantité.

Le saumon

L'élevage du saumon s'est développé dans les années 1980-1990, grâce à la maîtrise du cycle biologique de l'espèce. Aujourd'hui, la production aquacole de saumon en France dépasse celle de la pêche, offrant ainsi un approvisionnement régulier et de qualité pour le marché.

La truite

La truite arc-en-ciel est l'une des principales espèces d'eau douce élevées en France. Son développement à l'échelle industrielle s'est opéré dans les années 1960-1970. Actuellement, la production annuelle de truites en France s'élève à environ 37 000 tonnes.

Espèce	Début de l'élevage en France	Production annuelle (en tonnes)
Bar et daurade royale	Années 1980	6 000
Saumon	Années 1980-1990	-
Truite arc-en-ciel	Années 1960-1970	37 000

L'aquaculture française, forte de ses traditions et de ses innovations, continue de se développer et de se diversifier. Les efforts de recherche et développement accompagnant ces techniques permettent d'optimiser les productions tout en minimisant l'impact sur l'environnement, ouvrant ainsi la voie à une aquaculture durable et responsable.

Les défis et perspectives de l'aquaculture en France

L'aquaculture française fait face à plusieurs défis pour se développer de manière durable et renforcer sa contribution à la souveraineté alimentaire du pays. Malgré un potentiel de croissance important, le secteur doit concilier son expansion avec les enjeux environnementaux et sociétaux.

Les impacts environnementaux à maîtriser

Certaines pratiques aquacoles intensives ont conduit par le passé à des dégradations de l'environnement. En Asie du Sud-Est notamment, 1,5 million d'hectares de mangroves ont été détruits ces dernières années pour l'élevage de crevettes. Or ces écosystèmes jouent un rôle écologique crucial pour les communautés locales. L'aquaculture peut aussi favoriser la propagation d'épizooties, fragilisant les élevages et les espèces sauvages. La densité en élevage et les échanges mondiaux accroissent ces risques sanitaires. Pour y remédier, des solutions techniques se développent comme les systèmes de recirculation d'eau (RAS) qui réduisent les rejets. Des démarches de certifications, telles que le label ASC (Aquaculture Stewardship Council), garantissent aussi des pratiques plus respectueuses de l'environnement.

Un plan ambitieux pour une croissance durable

Pour répondre à ces enjeux, les pouvoirs publics et les professionnels ont signé en septembre 2022 le plan "Aquacultures d'avenir". Il fixe une stratégie collective à horizon 2027 autour de plusieurs axes :

• Simplifier les procédures pour faciliter l'installation de nouvelles fermes
• Soutenir la R&D et l'innovation pour des systèmes d'élevage plus durables
• Renforcer l'attractivité des métiers et la formation aquacole avec des évolutions dans l'ingénierie aquacole
• Structurer les filières pour mieux valoriser les produits français

L'objectif est d'accroître la production nationale de 40%, pour atteindre 112 000 tonnes en 2027 (contre 80 000 t actuellement). Cela permettrait de réduire la dépendance aux importations alors que le déficit commercial sur les produits aquatiques atteignait 5,7 milliards d'euros en 2022.

Produits	Production 2021	Objectif 2027
Poissons marins	6 000 t	8 000 t
Poissons d'eau douce	41 000 t	60 000 t
Coquillages	155 000 t	200 000 t

Cette meilleure valorisation de la production française permettrait aussi de mieux répondre aux attentes sociétales, en particulier sur la traçabilité et la qualité des produits.

"L'aquaculture française a tous les atouts pour se développer mais elle doit le faire de manière responsable, en s'appuyant sur l'innovation et la qualité. C'est tout l'enjeu du plan Aquacultures d'avenir." Michel Berthommier, président du CIPA

Le développement durable de l'aquaculture représente donc à la fois un défi et une opportunité pour la France, dans un contexte où la demande en produits aquatiques ne cesse de croître. Les engagements pris dans le cadre du plan "Aquacultures d'avenir" ouvrent des perspectives prometteuses pour y parvenir.

L'essentiel à retenir sur l'aquaculture durable en France

Au regard des défis environnementaux actuels, le développement de l'aquaculture durable en France s'impose comme une nécessité. Les efforts engagés dans la recherche et le déploiement de nouvelles techniques, telles que les systèmes de recirculation d'eau ou le respect des certifications, visent à assurer une production responsable et respectueuse des écosystèmes. Le plan 'Aquacultures d'avenir' vise à renforcer cette dynamique à l'horizon 2027, soutenant ainsi la souveraineté alimentaire du pays.